18 février 2022
En décembre 2021, VillageReach, une organisation à but non lucratif dont la mission est de transformer la prestation des soins de santé pour atteindre tout le monde, se préparait à lancer un centre de vaccination contre le COVID-19 en Côte d’Ivoire. Ils ont dû faire face à de nombreuses considérations logistiques, dont la moindre n’était pas de savoir où situer le centre de vaccination à Abidjan, la capitale économique du pays.
Fallait-il le faire dans un district comme Cocody-Bingerville, une zone à revenu élevé qui présentait déjà une forte demande de vaccination ? Ou fallait-il le placer à Yopougon Est, un quartier à faible revenu et à faible demande ?
Après de nombreuses discussions avec le gouvernement, un centre à Yopougon, près d’un centre de test, a été choisi, a expliqué Yvan Agbassi, responsable national de la Côte d’Ivoire pour VillageReach, dans une présentation du 18 février pour la Global Mass Vaccination Site Collaboration, une initiative d’Ariadne Labs et de la Boost Community de l’institut de vaccination Sabin. L’espoir était qu’en installant le centre dans la zone à faible demande, l’absorption du vaccin s’améliorerait. Mais « notre stratégie devait être très ciblée, abordable et facile à déployer, » a noté M. Agbassi.
À cette fin, les organisateurs avaient pour objectif de :
- S’efforcer d’atteindre ceux qui veulent se faire vacciner et ceux qui peuvent être persuadés de le faire plutôt que d’essayer d’atteindre ceux qui y sont opposés. En d’autres termes, ils ont ciblé les personnes du « milieu indécis » et les « pro-vaccin ».
- Recrutez des clients du centre en tant qu’ambassadeurs et encouragez-les à recruter trois membres de leur famille/amis pour la vaccination.
- Obtenez l’approbation des personnes importantes au sein de la population locale. Les chefs religieux ont par exemple été invités à l’ouverture du centre pour répondre à leurs questions et à leurs préoccupations.
- Créez des normes sociales fortes et positives autour de la vaccination contre le
COVID-19 et insistez sur sa sécurité. - Utilisez des interviews radiophoniques avec les opérateurs du centre pour le promouvoir afin de le faire connaître, en insistant sur la facilité à se faire vacciner.
- Utilisez les références du centre de test voisin pour attirer l’affluence vers le centre de vaccination.
Agbassi a reconnu que la demande était d’abord faible, mais qu’en utilisant les activités susmentionnées, elle a commencé à augmenter en janvier, malgré une fermeture du centre pendant une semaine à cause du mauvais temps. « Nous tirons des enseignements de ce que nous faisons, » a-t-il souligné.
Ne partez pas du principe que « si vous ouvrez un centre, les gens viendront. » La flexibilité est importante. La sensibilisation et la population locale sont essentielles. « La collaboration est essentielle. » Beaucoup dépendra des discussions avec le gouvernement de la Côte d’Ivoire.
En réponse à une question, M. Agbassi a déclaré que le bouche-à-oreille et la radio étaient les moyens les plus efficaces de susciter une plus grande adhésion à la vaccination.
La réunion du 18 février comprenait également une présentation de Brian Pedersen, conseiller technique pour FHI360, une organisation de développement humain à but non lucratif qui propose des solutions intégrées et locales. En partenariat avec VillageReach, FHI360 a mené des entretiens avec la population locale de Yopougon pour renforcer les stratégies de sensibilisation et recueillir des informations sur les raisons pour lesquelles les gens ne venaient pas se faire vacciner. En fait, il s’agissait d’intégrer la recherche en sciences sociales en temps réel, a déclaré M. Pedersen. En utilisant le modèle comportemental de Fogg, FHI360 a conçu quatre questions de base pour une enquête rapide par interception et les a posées dans la rue et sur les marchés et les centres commerciaux dans le cadre d’un projet pilote :
- Êtes-vous vacciné ?
- Pourquoi n’êtes-vous pas vacciné ?
- Que pourrait-on faire pour vous aider à surmonter [l’obstacle mentionné] ?
- Si vous avez décidé de vous faire vacciner, qu’est-ce qui vous faciliterait la tâche aujourd’hui ?
Des recherches supplémentaires sont nécessaires mais le projet pilote initial a révélé que les principales raisons de ne pas se faire vacciner étaient les « préoccupations concernant la sécurité du vaccin, » en particulier la fertilité chez les jeunes femmes, et une « faible perception de la menace du COVID-19. » Certains jeunes ont déclaré qu’ils ne se feraient pas vacciner parce que leurs parents ne voulaient pas qu’ils le fassent.
FHI360 réalisera d’autres entretiens avec VillageReach auprès des prestataires, des clients, en leur demandant notamment ce qu’ils entendent dans leurs cercles sociaux, et des personnes influentes de la région, comme les chefs religieux. La création d’un deuxième centre de vaccination pourrait donner l’occasion de comparer et de contraster les approches pour trouver de meilleures solutions, a déclaré M. Pedersen.
De nombreux thèmes de la présentation ont trouvé écho dans les autres opérations du centre. « Nous nous sommes associés à des personnes de confiance au sein de la population locale pour identifier des églises, des écoles et d’autres centres dans les communautés qui avaient un accès limité aux centres de vaccination de masse, » a commenté Eric Goralnick, MD, MS, chercheur principal de la collaboration mondiale sur les centres de vaccination de masse d’Ariadne Labs, qui a travaillé à la mise en place de centres de vaccination de masse dans le Massachusetts.
Le Global Mass Vaccination Site Collaborative a été lancé en tant que moyen pour les parties prenantes dirigeant des campagnes de vaccination dans le monde entier de se réunir et d’apprendre des efforts de chacun. Cette série de blogs a été créée pour enregistrer et partager les enseignements et les idées tirés de cette collaboration. Lisez les blogs de nos réunions précédentes ici.